Prolongation jusqu'au 13 Décembre 2014
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L’oeuvre
de Séra est question
Comment
donner à voir l’indicible ?
Comment
donner une voix à ceux qui ne sont plus ?
Alors
que le génocide perpétré par les Khmers Rouges demeure le plus
oublié du XXe siècle et reste la plaie vive de tout un peuple, Séra
s’est engagé à lutter contre le temps, à retracer à
travers la bande dessinée et la peinture l’Histoire de son pays.
En formulant l’hypothèse « qu’il existe des formes d’art qui
ont pour principale fonction de réactiver la mémoire, et de la
préserver », il s’attache à mettre en images l’histoire des
siens, fantômes oubliés qui viennent hanter ses toiles et investir
l’oeuvre dessinée pour ressusciter un passé oblitéré.
La
fiction du roman graphique arrête
le regard, capté par les formats géants de vastes bâches, et
restitue d’un trait assuré le
réel comme autant de visions retrouvées du paradis perdu ou de
l’horreur en action, tandis que les toiles semblent dévoiler les
corps enfouis dans les tréfonds de la mémoire collective. Les
ruines d’Angkor émergent d’une brume millénaire et le passé
vient affleurer et s’éployer sous nos yeux, par strates
successives. Des silhouettes apparaissent, des formes étirées et
floues comme autant d’êtres englués sous le voile de l’oubli,
qui viennent questionner le
présent, cependant que la palette chromatique signe le rapport à la
terre natale.
Avec
plus de force encore, les sculptures mémorielles se dressent pour
donner corps à ce qui n’est plus et traverser le temps.
C’est
l’entreprise d’une vie que de consigner ainsi le passé face au
déni et à l’ignorance et donner la mesure de la folie des hommes.
De
sel, de pierre et de terre
De
sel, l’oeuvre cristallise la mémoire évanescente.
De
pierre, elle l’inscrit dans une durée qui transcende l‘instant
rendu par la main de l’artiste.
De
terre, elle plonge ses racines dans le limon fertile des souvenirs
pour en tirer une sève nouvelle.
Ainsi
se dessine une nouvelle voie, un projet caressé de longue date,
celui de faire oeuvre commune.
C’est
avec l’artiste Hervé Bacquet que Séra restitue à grands
traits Angkor et la terre des origines, composant à quatre mains une
imposante toile, dont les dimensions exceptionnelles évoquent le
gigantisme des fascinants monuments arrachés à la jungle.
D’autres dessins grands
formats rendent compte de ce travail qui remonte le cours des siècles
alors que l’association avec l’artiste Julianne Sibiski débouche
sur des pièces sculpturales où le sel, la terre et la pierre sont
mis en musique avec une approche ludique et des plus poétiques.
Cette
exposition marque une nouvelle étape dans le travail de création
artistique de ces artistes réunis pour la première fois.
Les films autour de l'exposition
Voir le dossier de presse
Quelques repères historiques
La bibliographie
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